dimanche 20 juin 2010

St Gobain : Verallia, amiante et pollution


Le nouveau logo à l'entrée du site
Depuis avril, l'usine Saint-Gobain de Châteaubernard est devenue "VERALLIA". Verallia est une marque pour le pôle emballage du groupe Saint-Gobain. La création de la marque Verallia correspond à la stratégie du groupe de recentrer son activité sur son cœur de métier : le bâtiment et donc à moyen terme de céder son activité "emballage", comme l'a annoncé son PDG en avril. Le pôle emballage ne représente que 8% du chiffre d'affaire du groupe.
La marque Verallia permet aussi de regrouper sous cette dénomination une vingtaine de société de fabrication de verre d'emballage et de décoration (Vicasa, Mondrego, Oberland, Vetri, Vidros, Envases, Rayen Cura, Containers, Kamyshin, Kavminsteklo, Zorya...) à travers 12 pays et acquises au cours des années. Verallia correspondant a 60 usines, 95 fours, 15 000 employés et un réseau commercial dans 46 pays. C'est donc une société d'envergure mondiale que Saint-Gobain prépare à la vente.
Les syndicats de l'usine sont très inquiets sur l'avenir des employés lorsque la vente surviendra réellement...


Pollution

Les fumées jusqu'en 2008.
Au moment où l'usine de Châteaubernard est repeinte aux couleurs de Verallia, le rapport annuel de la Drire sur les émissions polluantes de la région Poitou-Charentes est disponible pour les données 2008. C'est justement en 2008 que l'usine de Châteaubernard a mis en service son filtre à poussières qui a fait disparaître les fumées visibles de l'usine.
Concernant St-Gobain/Verallia on voit apparaître pour la première fois une très forte baisse des polluants, notamment le plomb (10 fois moins) et l'arsenic (5 fois moins) due à la mise en service du filtre des fumées mise en place progressivement pendant l'année 2008. Les chiffres de l'an prochain devraient être encore meilleurs (le filtre aura fonctionné toute l'année).
Précisons que les polluants filtrés ne disparaissent pas par magie, mais sont concentrés et stockés sur place pour être ensuite vidés (sous forme de poussière) et enfouis dans des centres spécifiques.
Ce qui est filtré ce sont les poussières fines, les gaz eux sont toujours émis (mais invisibles) : le CO2 reste ainsi stable avec 122 000 tonnes.

Le site est aussi sous surveillance de la Drire pour l'état de pollution des sols et ses pompages dans la nappe phréatique.

Pour en savoir plus sur la pollution à Saint-Gobain/Verallia :
Amiante

Ligne de production Verallia.
Depuis 2004 le CHSCT (Comité Hygiène et Sécurité) de l'usine se bat pour faire reconnaître le site de Châteaubernard comme "Amiante" suite à un audit qui avait mis en évidence l'usage important de l'amiante dans l'usine jusqu'en 1997 (date de l'interdiction en France).
En 2007 la demande était rejetée par le ministère du travail. Le CHSCT s'était depuis adjoint les services d'un avocat ce qui a permis en juin dernier de gagner en appel auprès de la cour de Bordeaux.
Le site de Châteaubernard devrait donc bientôt être déclaré "Amiante" dans le journal officiel, permettant ainsi aux salariés concernés (employés avant 1997) de faire valoir leurs droits au dispositif de départ anticipé pour exposition à l'amiante (soit environ un trimestre pour 3 années de présence sur le site).
Ce jugement est une première pour une usine verrière en France.

L'inhalation de fibres d'amiante est dangereuse et produit une fibrose pulmonaire (asbestose) en cas de forte exposition ; c'est aussi un élément cancérigène (cancer des poumons et de la plèvre) même à faible dose.
Le rapport sénatorial (Le drame de l'amiante en France, 2005) annonce 35 000 décès en France de 1965 à 1995 et des prévisions de plusieurs milliers à venir jusqu'en 2030.
La France a totalement interdit l'usage de l'amiante en 1997 après plusieurs décennies d'intenses polémiques entre différents lobbies, voir "Le scandale de l'amiante" (wikipédia) ; les premiers risques ayant été dénoncés dès 1906 (Denis Auribault, inspecteur du travail) !

A Saint-Gobain Cognac, l'amiante a été utilisée pour isoler les fours et protéger les travailleurs. Les employés près des fours étaient équipés de vêtements et de gants en amiante. Lors des nettoyages des fours les particules d'amiante volaient dans l'air. Depuis des années les syndicats dénonçaient les décès suspects d'anciens employés, des arrangements financiers avec des retraités "malades des poumons".
Un peu plus tôt dans l'année (février) la veuve d'un ancien employé mort en 2001 gagnait son procès contre Saint-Gobain pour "faute inexcusable ayant entraîné le décès dû à l'amiante". après un combat de 10 ans...

Ces "victoires" ne sont pas la fin des combats pour les syndicats et le CHSCT qui maintenant vont tenter d'obtenir des compensations financières dès que le site sera officiellement déclaré "amiante" par le ministère.

Voir aussi :

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